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Battaille

Publié le par J. P. Bouyer

Voici encore un maçon célèbre de son temps et complètement oublié aujourd'hui.

C'est un musicien, mais pas un compositeur : voilà pourquoi je le présente ici plutôt que dans la partie "compositeurs maçons" du musée virtuel, où il n'aurait pas sa place.

Charles-Amable BATTAILLE (1822-1872 ; son nom est parfois écrit Bataille) termina ses études de médecine sur les instances de son père, lui-même médecin à Nantes, mais il préféra bientôt tenter une carrière de chanteur et vint s'installer à Paris, pour, en 1847, y obtenir 3 premiers prix au Conservatoire, où il suivit les cours de Manuel Garcia jr, fils du célèbre Manuel Garcia.

En 1848, il entame une carrière triomphale à l'Opéra-Comique et crée de nombreux rôles dans de nombreux opéras à succès, où il est apprécié autant pour sa voix de baryton-basse que pour ses talents de comédien.

Un problème au larynx l'amène en 1857 à mettre un terme provisoire à sa carrière, qui se terminera définitivement en 1863.

Nommé professeur au conservatoire impérial de musique de Paris dès 1851, il est aussi l’auteur d’une méthode de chant.

C’était aussi un excellent orateur : comme l'écrit en 1878 le Supplément  à la Biographie universelle des musiciens de Fétis :

Battaille aimait beaucoup à parler en public. Sa belle tête, fière, fine et intelligente, couverte de cheveux noirs, abondants et ondulés, son regard fixe et scrutateur, bien qu'atteint de myopie, sa parole élégante, facile et ornée, sa grande habitude du public, lui donnait sur son auditoire une autorité véritable. En 1865, 1866 et 1867, il fit, tantôt dans les salons de la rue de la Paix ou dans ceux du Grand-Orient, tantôt dans l'Amphithéâtre de l'école de médecine ou à l'Association philotechnique, un certain nombre de conférences, qui furent remarquées : sur la musique et ses transformations, sur le Don Juan de Mozart, sur le Pré aux Clercs d'Hérold, etc.

Supplément à la Biographie universelle des musiciens, T. 1

C'était aussi un homme aux idées libérales, un philanthrope, et un homme de devoir. Laissons à nouveau la parole à la Biographie universelle, pour nous décrire ses dernières années :

Une particularité de sa vie est assez curieuse : Battaille, à la suite des événements du 4 septembre 1870, avait été nommé sous-préfet d'une petite ville du département de la Loire-Inférieure, Ancenis. Il professait d'ailleurs des opinions libérales, et prit au séreux son nouveau rôle, mettant toute son intelligence au service de ses fonctions et déployant beaucoup de zèle et d'activité dans l'organisation et l'armement des corps levés dans son district. Il se signala même d'une façon toute particulière, dans des circonstances exceptionnelles : la petite- vérole s'étant déclarée dans une commune des environs, qui se trouvait cruellement ravagée par le fléau, Battaille se souvint qu'il était médecin, se joignit à ses confrères, et s'en allait chaque soir porter ses soins aux malades, après avoir passé sa journée à gérer les affaires de sa sous-préfecture.

(on aura compris que la date du 4 septembre 1870 mentionnée est celle de la proclamation de la IIIe République).

Comme en témoigne le caractère très maçonnique de sa signature ci-dessous, Battaille était aussi un maçon, et même un maçon très actif.

Le fichier Bossu nous indique qu'il avait été initié en 1855 à la Clémente Amitié.

Plutôt que de tenter de retracer les détails de son cursus maçonnique, je me bornerai à signaler les multiples mentions qui (sous le nom de Bataille) en sont faites en 1868 dans l'Annuaire universel de Pinon :

  • (p. 16) : membre du Conseil de l'Ordre du Grand Orient ;
  • (p. 18) : Grand Chancelier du Grand Collège des Rites et Garant d'amitié du Directoire Suprême Helvétique Romand ;
  • (p. 20) membre de la Commission des affaires administratives et courantes, de la Commission du bulletin et de la Commission des récompenses ;
  • (p. 72) membre actif de La Clémente Amitié Cosmopolite (où il n'est pas à confondre avec son homonyme Ch. Bataille, qui est Vénérable d'honneur ad vitam, mais qui est négociant et a une autre adresse).

C'est Battaille qui créa en 1854 le rôle du père de famille dans "l'Enfance du Christ" de Berlioz.

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