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Flûte

Publié le par Jean-Pierre Bouyer

On a suffisamment répété que Die Zauberflöte ne devrait pas se traduire par la Flûte Enchantée mais par la Flûte Magique.

Il est bien vrai que lors  d'une représentation de l'opéra, ce n'est pas la flûte qui est enchantée, ce sont ... les spectateurs. Ou plus exactement : nous tombons sous l'enchantement.

Dans son film de 1975 (intégralement disponible sur youtube, voir plus bas), Ingmar Bergman a su merveilleusement rendre cet enchantement des spectateurs, et particulièrement celui qu'il exerce sur les enfants, dont le visage émerveillé est montré par de nombreux plans.

En effet, cette oeuvre est certainement un des meilleurs moyens d'initier les enfants à l'opéra, et à la musique classique en général.

L'objet de la présente page n'est certainement pas de proposer une nouvelle exégèse de la Flûte Enchantée, mais de signaler quelques moyens de préparer un jeune à une telle représentation.

Le monde du livre s'est à plusieurs reprises intéressé à l'attraction de la Flûte Enchantée sur les enfants.

J'en ai trouvé une manifestation déjà ancienne (1985) dans la BD (malheureusement épuisée à ma connaissance) de Marc David et Raymond Poivet parue (si je me souviens bien, elle accompagnait une K7) aux éditions RTL, qui traduit parfaitement l'aspect initiatique de l'opéra :

ci-dessus : dans un des souterrains du Temple d'Isis et Osiris, un prêtre vient chercher Tamino après qu'il ait réussi sa première épreuve, celle du silence. Le coq sur son épaule, non plus que les crânes jonchant le sol, ne sont mentionnés au livret de Schikaneder : est-ce un hasard si ces symboles du Cabinet de Réflexion sont ajoutés ici et à ce moment par le dessinateur ?

Un livre superbe est celui de Pierre Coran et Gabriel Lefebvre, paru fin 2000 à la Renaissance du Livre à Tournai, mais malheureusement lui aussi épuisé.

Tout en se montrant remarquablement fidèle au livret et à son esprit, Pierre Coran nous en propose, dans une langue simple, légère et vraie, une transposition poétique (en octosyllabes) d'une exceptionnelle qualité.

Dans sa préface, Pierre Coran démontre son excellente compréhension de l'opéra en écrivant :

L'orientation maçonnique de la Flûte Enchantée n'est pas étonnante. En leur qualité d'initiés, Mozart et Schikaneder l'ont voulue comme telle. Chacun, à sa manière, s'est efforcé de montrer que le chemin menant à la Connaissance est ardu, semé d'épines et de roses, qu'il importe de se bien connaître pour mieux connaître l'autre et l'écouter, le respecter en dépit de ses différences. Cet humanisme transparaît dans la scène finale lors de l'admission des nouveaux initiés, Tamino et Pamina, dans la chaîne d'union qui se veut universelle.

Les dessins (faussement naïfs) de Gabriel Lefebvre concourent à faire de cet album une véritable féerie (ci-dessous : détail des lions tirant le char de Sarastro et les trois jeunes garçons dans leur machine volante).

 

 

Pierre Coran a remis son ouvrage sur le métier pour établir une autre adaptation, beaucoup plus libre et plus courte que la précédente, qui a, elle, bénéficié des dessins de Charlotte Gastaut.

Ce bel album est paru en 2015 dans la collection Père Castor de Flammarion. Ci-dessous : le charmant duo de Papageno et Papagena, vu par Charlotte Gastaut.

A signaler encore, aux éditions la Mercurie, l'ouvrage de Michael Sowa, le Prince Tamino, intéressante adaptation pour enfants (suivie, en petits caractères, d'une intéressante analyse de Eckard Henscheid, qui s'adresse plutôt aux adultes).

Michael Sowa avait fait en 1998 les décors et costumes de la mise en scène (régulièrement reprise depuis) de l'opéra par Alfred Kirchner à l'opéra de Francfort. Il s'en est inspiré pour réaliser cet album.

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C
Merci
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