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1789-1889

Publié le par JP Bouyer

1889 fut en France l'année du centenaire de la Révolution.

Pour le célébrer dignement, la République organisa une Exposition universelle et construisit la tour Eiffel. Dans un discours célèbre prononcé le 17 juin (date de la proclamation de l'Assemblée Nationale), l'ancien ministre Jules Ferry (qui avait été initié en 1875 à La Clémente Amitié) exalta les idéaux républicains tout en mettant en garde contre le boulangisme.

Eiffel

L'opinion catholique, elle, faisait grise mine à l'idée de commémorer l'un des événements les plus funestes qui aient marqué dans l'histoire du genre humain (selon les mots de l'évêque d'Angers, Mgr Freppel, dans son livre La Révolution française, à propos du centenaire de 1789) puisque l'année 1789 avait instauré le satanisme révolutionnaire. Reprenant les thèses de Barruel, les polémistes conspirationnistes ne manquaient d'ailleurs pas d'identifier ce satanisme à celui de la franc-maçonnerie : La Révolution française a été la conséquence du progrès de l'esprit de révolte contre Dieu dans la société ; elle a été surtout dirigée et propagée par l'influence de la franc‑maçonnerie qui en est la vraie cause immédiate.

Se considérant comme l'héritier et le garant des idéaux de 1789, le Grand Orient de France ne pouvait être en reste : il organisa ses propres festivités.

Le clou en fut le premier congrès international maçonnique, dénommé le Congrès du Centenaire. Le succès fut loin d'être mondial (le fossé s'était déjà creusé entre "réguliers" et "irréguliers" et les Anglais s'abstinrent soigneusement de répondre à l'invitation, de même que la plupart des Obédiences dans leur zone d'influence), mais il réunit quand même des représentants de Belgique, de Suisse, de Hongrie, d’Espagne, du Portugal, de Grèce, du Brésil, d’Australie et de la Grande Loge du Massachussetts.

congres

C'est au cours de ce congrès que furent prononcés,le 16 juillet, les célèbres discours d'Amiable et Colfavru ayant pour thème la Franc-maçonnerie en France depuis 1725.

Il nous semble hors de doute, même si n'en avons pas de repère chronologique précis, que c'est dans ce cadre qu'a dû se placer la création de cette oeuvre :

pardon

La mention 1789-1889 sur cette couverture semble en tout cas le confirmer.

Depuis le début du XIXe siècle, le Grand Orient de France s'est souvent soucié d'illustrer ses événements marquants (notamment ses Fêtes de l'Ordre) en réunissant pour une prestation musicale quelques noms prestigieux parmi ses membres.

Et effectivement, les noms de trois Frères réunis pour la création de cet hymne étaient célèbres à l'époque (mais ils sont aujourd'hui complètement oubliés). Rendons-leur donc hommage :

- Armand SILVESTRE (1837-1901), écrivain, poète (parnassien), critique d'art (il fut un défenseur des impressionnistes), et auteur de contes truculents, est le père du texte (qui est bien dans l'esprit de ces commémorations) de cet Hymne à la Fraternité :

 Le progrès éternel a fait tomber nos chaînes
Vers des destins nouveaux le siècle est emporté
Saluons l'Avenir et les moissons nouvelles !
Peuples ! Peuples ! Peuples !
Voici le temps de la Fraternité !

Qu'enfin du sang versé la coupe soit tarie !
Unissant tous vos coeurs dans la même fierté
Faites de l'univers une grande Patrie !
Peuples ! Peuples ! Peuples !
Voici le temps de la Fraternité !

Par les chemins fleuris que l'Idéal féconde,
Oubliant des dieux morts le culte déserté ;
Amenez le retour de la Paix sur le monde ;
Peuples ! Peuples ! Peuples !
Voici le temps de la Fraternité !

Silvestre

- la partition est de Félix PARDON (1851-1921), compositeur, pianiste, chef d'orchestre, pédagogue et critique musical. Il se forma au Conservatoire de Bruxelles, sa ville natale, et obtint dès 1869 un second prix de Rome pour sa cantate la Dernière Nuit de Faust. En 1871 - il n'a pas vingt ans - la Monnaie de Bruxelles donne son premier opéra, la Jeunesse de Grétry. En 1873 il s'installe à Paris, où il travaille à l'Opéra, à l'Opéra-comique et, en 1879, à l'Eden-Concert, où il crée en 1887 une opérette intitulée la Chasse au Loup.

Il se réinstalla plus tard en Belgique, où il fut membre de la Loge Bruxelloise des Amis Philanthropes. Il collabora (avec J. Simar) pour la partition de la cantate Siècle passé, siècle nouveau, qui fut créée lors d'un grand gala (un millier de spectateurs) organisé le 9 mars 1901 par cette Loge sur le thème La Fête du XIXe siècle, et au cours duquel prit la parole le Frère Emile Vandervelde (1866-1938), célèbre homme politique socialiste.

Pardon

- Numa AUGUEZ (1847-1903), baryton à l'Opéra de Paris et professeur au Conservatoire National de Paris, fut un des chanteurs d'opéra les plus réputés de son époque. Il créa de nombreux rôles dans des opéras de Gounod.

Auguez

 

 

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S
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