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Chant des Surveillants 2b

Publié le par Christophe D.

le Chant des Surveillants, partie 2 : les adaptations françaises

b) la version de Naudot

(Voici la troisième partie de l'étude que Christophe D. a bien voulu consacrer aux diverses versions du Chant des Surveillants ; vous pouvez retrouver ici l'épisode précédent. JPB)

Le chansonnier de Jacques-Christophe Naudot (c. 1690 - 1762), qui compile plusieurs chants maçonniques, est célèbre et il a fait l'objet de nombreuses rééditions.

La recherche de l’auteur des chants présents dans son ouvrage, reste ouverte : comme il est mentionné au site, la question de savoir si ces musiques sont de la composition de Naudot, de Lansa, ou même d'autres, ne semble pas encore tranchée. Lansa publia en effet vers 1744 les Chansons originaires des Francs-Maçons, en s'attribuant dans la préface la paternité de la musique et (en collaboration avec la Tierce) des textes.

Si quelques historiens accordent l’antériorité à Lansa pour la publication des chansons, le doute reste permis sur cette chronologie. Lansa n’évoquerait-il pas, la Marche des francs-maçons, première partition du Chansonnier de Naudot ?

Les versions de La Tierce et de Naudot sont très proches : même tonalité, même forme, même coupe rythmique.

On y remarque toutefois quelques différences mélodiques et rythmiques.
Dans la partie du chanteur soliste, La Tierce emploie des rythmes pointés (figure rythmique au rendu « saccadé », composée d’une note longue et d’une brève), tandis que Naudot « apaise » la mélodie en usant de figures plus régulières.

La première mesure :

La Tierce

Naudot

NB : les notes sont les mêmes : ré do si la sol fa#, seules les clés changent. (Nous évoquerons cet aspect de la lecture des partitions un peu plus loin.) La tonalité est bien la même malgré des altérations différentes à la clé (un et deux bémols).

Mesures 4 à 8 :

La Tierce

Naudot

Des différences mélodiques et rythmiques à partir du même texte. Pourtant, ni la carrure (= la structure en nombre de mesures), ni les points d’appuis harmoniques ne changent (arrivée sur la dominante Ré Majeur du ton de Sol mineur par une demi-cadence, dans cet exemple).

Dans la partie chorale, les deux auteurs semblent aussi se distinguer. Apparemment !
Le texte est rigoureusement le même. Pourtant, la musique rapportée par Naudot a l’air plus dense. Effectivement, la mélodie est plus riche chez lui : les notes « plus nombreuses ».

Le début du chœur :

 La Tierce : musique plus lisible, plus d’espace

Naudot : figures rythmiques différentes plus nombreuses, musique plus « touffue ».

Le décompte des mesures des deux pièces confirme cette impression : 28 mesures chez La Tierce contre 14 chez Naudot (sans compter les reprises). Et pourtant, ce n’est qu’une impression !

Le texte étant le même, nous devrions arriver au même résultat. Et nous y arrivons par l’astuce musicale de la conduite rythmique de chaque pièce. Bien que toutes deux notées à 2 temps, celle de La Tierce se joue à un temps, (= un temps par mesure). Par conséquent, les deux morceaux sont, par cet aspect, de même durée. A l’écoute, nous entendrions le même découpage rythmique. Les variations mélodiques n’affectent pas le rythme (la pulsation).

L’édition des Chansons originaires des francs-maçons ne mentionne que les voix chantées. L’accompagnement n’est pas publié. Une économie de papier bien regrettable ! Le chœur du chansonnier de Naudot est écrit plus richement, à trois voix d’hommes : les voix de ténors sont divisées et une partie de basse est présente. Aucun accompagnement n’est suggéré.

(à suivre)

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